La culpabilité
- « Il paraît que si je suis malade c’est de ma faute : mais c’est horrible de dire ça !». Anne-Marie* s’était effondrée devant moi. Certaines personnes de son entourage lui ont fait part de leur croyance à ce sujet, une croyance sur laquelle Anne-Marie ne s’était jamais attardé auparavant. L’idée d’avoir « fabriqué » elle-même cette horrible maladie lui était insupportable.
- « Qu’est-ce que j’ai fait pour me rendre malade ?»
- « Faut que je trouve la raison de ma maladie pour guérir et éviter toute récidive »
- « Si je suis malade c’est de ma faute, j’aurais dû faire attention, j’aurais dû savoir, j’aurais dû faire ceci, je n’aurais pas dû faire cela ...»
Avant de choisir de se mettre à la recherche d’une éventuelle cause, il est judicieux de se détacher de toute émotion de culpabilité liée à une éventuelle responsabilité dans la « création » d’une tumeur maligne.
Si aujourd’hui, beaucoup de livres et de thérapies vous proposent de découvrir le pourquoi du comment de votre maladie, des professionnels hautement qualifiés donnent des outils, des ouvertures, des moyens de réflexion afin de trouver des réponses qui ont souvent un sens pour le concerné.
S’en suit une course contre la montre : les patients ont peur de ne pas « trouver à temps », peur de se tromper et de ne pas guérir ou de provoquer une récidive. Quand la peur alimente la recherche le malade se contente rarement de la réponse, si pertinente qu’elle soit.
Régulièrement, des personnes viennent me voir avec ce questionnement, paniquées de ne peut être pas trouver à temps. Parfois les personnes ont déjà une très bonne idée de la cause, mais juge la réponse inutilisable car « trop facilement trouvée ».
- Ainsi Claire* était venue me voir après un cancer des ovaires pris à temps (elle n’a pas eu besoin de chimio, mais d’une radiothérapie), paniquée par l’idée d’une récidive si elle ne trouvait pas la cause de son cancer. Quelques années auparavant elle avait eu un cancer du foie qui lui aussi avait été pris à temps. Le second cancer n’était pas diagnostiqué comme une récidive, mais comme un nouveau cancer. Claire raconte qu'à l’époque elle avait compris pourquoi ce cancer du foie s’était déclenché : une grande colère contre son mari. Elle décida de divorcer en emmenant ses 3 enfants avec elle. Claire guérit et commença une vie plus heureuse avec ses enfants. Cependant, son ex-mari étant un père peut attentive, plutôt égoïste, ce premier cancer avait éveillé en elle la peur de mourir et de laisser ses enfants à « ce père qui n’en ai pas un ». Quelques années plus tard on lui découvre un cancer des ovaires. Claire avait déjà pensé que ce cancer des ovaires pouvait peut-être être en relation avec sa peur de mourir et d'abandonner ses enfants. Mais la réponse lui paraissait trop facile : et si elle se trompait ? Si elle était sur une mauvaise piste ? Et si elle ne trouvait jamais ? Et si ... ? Claire avait une peur presque panique de ne pas trouver la bonne cause de sa maladie à temps et du coup de récidiver, de mourir et d'abandonner ses enfants.
Rechute : reprise de la maladie avant la guérison.
Nouveau cancer : cancer n’ayant aucune relation avec un cancer précédent, guéri ou pas.
Le Dr Philippe Dransart, médecin homéopathe, nous met en garde dans son livre « Renaître à la vie pour guérir d’un cancer » face au danger de nous enfermer dans certaines certitudes de décodage. Si nous sommes tous conçus d’un corps physique, émotionnel et mental, nous sommes fondamentalement différents dans notre façon d’aborder la vie.
Un exemple de cette différence est mis en évidence lorsque 4 personnes vous racontent le même film : elles vous délivrent 4 versions différentes.
Une personne vous dira qu’un serpent est répugnant tandis qu’une autre vous en parle avec beaucoup d’affection. Qui a raison ?
Vous avez compris que de leur point de vue elles ont tous raison, car elles parlent à partir de ce qu’elles sont, ce qu’elles ressentent, leurs expériences de vie, leur état de conscience : elles expriment leur vérité.
Ceci est également vrai par rapport à la maladie. Si aucune personne, ni aucun livre ne peut vous dire le pourquoi du comment de votre maladie, certains peuvent vous donner des pistes pouvant éclaircir votre vision et vous amener à une meilleure compréhension.
Parfois la personne peut ressentir une culpabilité d'être malade :
- Pascal* s'oblige à se tenir fort devant sa femme et ses enfants. "Ils souffrent tellement de me voir malade. Ils sont toujours pu compter sur moi et aujourd'hui je les laisse tomber..."
- Jean* a un fils de 16 ans. "Il n'a pas besoin d'un papa malade, mais d'un père qui le soutien et qui l'encourage dans la construction de sa vie. Il faut que je tienne bon."
- "Je ne peux pas me laisser aller, ma famille a besoin de moi ..." , m'explique Josiane*.
*Les noms ont été changés