Combat ou accueil
- Patrick, un ami de la famille, avait été diagnostiqué avec un cancer de l’estomac déjà bien avancé. Quand je lui ai parlé, il me dit : « je vais me battre contre ce cancer, il ne m’aura pas !»
C’est une phrase reprise par les personnes entourant le malade (proche, amis et personnel soignant) : « Il faut te battre ! Tu vas y arriver ! Tiens bon ! »
C’est une phrase que j’entends régulièrement, mais que je ne comprends pas.
Un combat c’est une guerre contre un envahisseur étranger. Hors les cellules cancéreuses ne sont pas un corps étranger : sont nos cellules qui ont « muté ». Si nous combattons notre maladie nous déclarons la guerre contre notre propre corps, nos propres cellules. Nous déclarons donc la guerre contre nous-même ! Et quelle partie de nous va gagner : moi ou moi ?
De plus, lors de ce combat nous nous remplissons d’énergie négative : une énergie de guerre.
Quand nous combattons quelque chose nous le nourrissons, nous le rendons plus fort, nous lui donnons toute notre attention. C’est comme essayer de ne pas penser à quelque chose. Imaginez que je vous offre votre bonbon préféré en vous disant de le mettre dans votre sac / poche et de ne pas le manger jusqu’à notre prochaine rencontre. Ce bonbon va devenir une obsession jusqu’au prochain rendez-vous. Mère Theresa disait : « Ne m’invitez pas à manifester contre la guerre car je ne viendrai pas. Mais si vous m’invitez à manifester pour la paix, j’y serai. »
La pensée positive a un pouvoir beaucoup plus important que l'énergie négative d’un combat, mais le penseur doit être vigilant à ne pas inhiber des émotions en se concentrant sur des pensées positives. (nous y reviendrons)
S’il ne faut pas combattre, et il ne faut pas tapisser le tout avec des pensées positives, alors que faire ?
" Accueillir "
Je vous entends dire : voilà un mot qui ne peut être prononcer que par une personne qui n’a pas de maladie grave, envahissante et handicapante !
Pourtant, l’art de l’accueil est le début de toute évolution, que nous soyons malade ou pas. Nous avons tous dans notre vie des expériences dont nous nous passerions volontiers. Résister ou combattre ces expériences ne font que renforcer notre douleur physiologique, émotionnelle ou psychique.
La première étape d’une guérison intérieure est l’accueil de ce qui est. S’il pleut dehors, vous avez beau être en colère contre le temps - cela ne changera strictement rien au fait qu’il pleuve ! Aussi vous risquez de passer une mauvaise journée. Si vous choisissez d’accueillir le temps comme il est, vous vous détachez de ce fait et vous allez vivre la journée d’une manière complètement différente. Le choix est le vôtre.
Nous l’observons également dans le monde, que plus nous nous battons contre un tel ou un tel, plus nous le renforçons. Le mal nourri le mal. L'Apartheid n’est pas tombé parce que le régime a été combattu, mais parce que les Africains du Sud, avec l’aide de Mandela, ont su passer à autre chose.
Ainsi, de nombreuses personnes ayant connu des guérisons spontanées ne se sont pas battues contre : ils ont pu accueillir l’expérience et ils ont su passer à autre chose.
Tous les livres de développement personnel, ainsi que des enseignements spirituels sérieux, nous parlent d’accueil et de détachement. Les personnes qui ont fait un changement positif dans l’histoire ont tout d’abord commencé par accueillir ce qui se présentait à eux.
L’accueil amène une paix intérieure qui permet d’être mieux à l’écoute de ses besoins profonds.
- Pendant plusieurs années, j’ai fait des séances de réflexologie plantaire à Hélène au CHU lors de sa chimiothérapie. Un jour, je la retrouvai hospitalisée et selon le personnel soignant, en fin de vie imminente. Je lui proposai une séance de bien-être, certaine que ce serait la dernière. Très affaiblie, elle me raconta que la veille elle avait failli mourir suite à une complication. « Je me suis battue contre la mort pendant toutes ces années en accusant l’injustice de la vie. Hier, après ma crise, je me suis réconciliée avec la vie, je suis en paix avec elle, j’en ai fait mon deuil. Tant qu’elle veut de moi j’en profite, et quand ce sera le moment de partir je ne lutterai pas. » Elle avait convoqué ses enfants, ses proches pour leur dire combien elle les aimait, pour leur dire au revoir. Son mari était là et je pouvais lire dans ses yeux l’amour et la paix qu’il ressentait en écoutant sa femme. Je la quittai ce jour-là, certaine de ne plus la revoir. A ma plus grande surprise et contre toute attente du personnel soignant, du mari et surtout d’Hélène, je la retrouvais la semaine suivante et ce en bien meilleure forme. Elle s'alimentait à nouveau, arrivait à nouveau à communiquer et à lire et se sentit beaucoup moins fatiguée. Elle exprimait d’être heureuse de simplement vivre chaque instant que la vie lui offrait. Je l’ai revue encore deux fois, ensuite elle est partie ... chez elle ! L’acceptation de la situation lui a permis de mettre son énergie dans la vie et non dans le combat. Sa vie arriva à sa fin un jour, mais Hélène partit sereinement et elle profita de sa vie jusqu’au dernier souffle.
La deuxième étape d’une guérison intérieure est l’action mené à partir de ce qui est. Accueillir ne veut naturellement pas dire subir sans rien dire ou faire. Accueillir permet de pouvoir agir en conséquence de ce qui est et non pas réagir face à ce qui n’est pas en accord avec ce que je veux. Si j’accepte que j’ai un problème d'alcool, je peux choisir de me faire soigner ou pas. Si je n'accueille pas, je ne changerais jamais ma situation.
Dans le même ordre d’idée, si je n'accueille pas ma maladie, je n'accueille pas le traitement, les effets secondaires, les changements dans ma vie etc.
- J'ai rencontré Laurence juste après un diagnostic de cancer de sein. Elle a rapidement décidé de vivre sa maladie en accueillant sa situation. A la grande surprise du corps médical Laurence est asymptomatique : pas de douleur post-opératoire, aucun effet secondaire suite au traitement, même la perte des cheveux que son protocole devrait entrainer est quasi inexistant. Laurence a décidé de chercher le positif dans cette expérience de vie tout en étant lucide de la gravité de sa maladie. Elle a choisi de se faire soigner par la médecine conventionnelle et les thérapies complémentaires. Laurence reste dans l'action sans jamais se battre contre ce qui est mais en fessant à partir de ce qui est. Elle reprend une vie normale après son rétablissement se sentant plus forte intérieurement et plus en vie après cette expérience.
- Carole s'est effondrée dés l'annonce de son cancer de sein : elle ne peut accepter d'être malade. Elle se sens trahi par la vie, encore une fois ... Depuis le début du diagnostic, Carole souffre de douleur que le corps médical ne peut expliquer. Elle présente tous les symptômes possibles et imaginables ainsi que des effets secondaires inconnus. Le corps médical préfère lui faire son protocole de chimiothérapie toutes les 3 semaines en l'hospitalisant pendant 3 jours au lieu de la faire venir une demi journée à l’hôpital de jour (HDJ). Carole est confrontée à des complications post-opératoires inattendus et douloureux. Après 3 ans elle parle de cette épisode comme si - selon ses dire - "ça c’était passé hier".
Accueillir ne veut pas dire ne rien faire et être d’accord de subir.
Accueillir permet d’agir réellement.